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Les aventures des trois princes de Serendip ; voyage en sérendipité : clin d’œil aux amis docs

23 Oct

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J’ai reçu cet ouvrage grâce à l’opération « masse critique » de Babelio (un livre contre une critique). J’ai été immédiatement attirée par le titre. Combien d’amis n’ai-je pas bassinés au cours d’une soirée avec le fameux concept de sérendipité ? Ce « lumineux objet du désir épistémique » comme le dit Marie-Anne Paveau dans le chapitre passionnant qui clôt le livre. Tous ceux qui sont passé par la préparation au concours de documentaliste voient de quoi il s’agit. Calqué sur l’anglais « serendipity », cela désigne la capacité à trouver…ce qu’on ne cherchait pas ! Le « hasard fécond » est souvent utilisé dans la sphère du web 2.0.

J’allais enfin avoir la clé de l’origine du mot et connaître le conte original. Louis de Mailly en est l’auteur, ou plutôt le traducteur-traître. Il s’inspire d’un récit italien de Armeno, mais se détache rapidement pour créer ses propres histoires. Ce conte est un récit enchâssé qui introduit 9 nouvelles. Dès les premières pages, le lecteur français se retrouve face à une perspicacité qui rappelle Zadig, de Voltaire. La scène du chameau a  d’ailleurs largement inspiré ce dernier (rappelez-vous du cheval et de la chienne perdus). Bref cela commence plaisamment. Mais pour la suite j’avoue que le lecture des contes insérés m’a peu passionné. On y trouve beaucoup de « gens de qualité », c’est à dire des princes et princesses sages et prudes, des magiciens et des démons mais le thème principal est surtout l’amour. Notamment la question de la passion et de la fidélité. Les hommes n’y ont pas le beau rôle, inconstants et inutilement jaloux le plus souvent. L’auteur veut à la fois plaire et édifier un public de son époque qui aime les romances. Un peu ennuyeux. A côté des Mille et une Nuit, cela fait bien pâle figure.

Les princes de Sérendip ne sont pas très intéressants. Mais c’est un texte à connaître ne serait-ce que pour son influence. L’orient y est miraculeux. J’ai d’ailleurs été déstabilisée par l’alliance entre le souci de rationalité et celui du merveilleux. Il me semble incroyable que dans un premier temps les princes résolvent les mystères grâce à leur perspicacité et leur sens de l’observation, puis par une espèce de sens magique. Quand il s’agit du chameau les indices sont factuels : l’herbe est rongée, les empreintes du chameau et le la femme sur le chemin, les fourmis et les mouches. Par contre quand il s’agit du repas, les impressions dominent : « le coeur accablé de tristesse ». Finalement ces princes sont plus des magiciens que des détectives.

Par contre j’ai adoré la partie documentaire qui est vraiment très bien présentée et complète. Un chapitre « une belle infidèle endormie » nous explique l’histoire du manuscrit et compare justement les textes. Le chapitre « Serendipity : suite anglaise » nous montre comment l’expression a été créée et employée par Horace Walpole. Et le chapitre final, comme je l’ai dit précédemment le plus intéressant à mes yeux, donne tous les détails sur la popularité de cette notion de nos jours. Trouvant le terme vilain à l’oreille, j’ai été ravie de découvrir le néologisme formé par les québécois, infatigables inventeurs de la langue : la fortuité.

Un ouvrage pour les curieux et les spécialistes.

« Que vous aimiez La Vie devant soi. ou Le Trône de Fer., Giono. ou Eric-Emmanuel Schmitt., Babelio vous invite toute l’année à découvrir des avis sur des livres. ou des extraits d’oeuvres. en allant sur Babelio.com. »

 
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Publié par le octobre 23, 2013 dans Conte, documentaire

 

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