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Archives Mensuelles: janvier 2014

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« Que de sensibilité et de retenue, il est tout pareil à moi ». p. 269

Ce roman magnifique, possède un ton unique et une langue raffinée. Comme c’est agréable de l’écouter couler dans notre esprit. L’histoire de l‘émancipation de cette jeune fille dans les années cinquante vous rappellera un roman de Sagan ou Colette.

Destiné aux adolescents, l’ouvrage est publié dans la collection Scripto, mais c’est aux adultes qu’il plaira surtout. Malgré ce que laisse à penser le titre, c’est en fait une alternance de narration et de lettres. Ces passages épistolaires nous dévoilent en profondeur les personnages, derrière les lignes. On y distingue aussi les évolutions : Malia est de plus en plus enthousiaste et engagée dans le théâtre, tandis qu’Angèle sa mère fatigue et perd la raison. L’action se situe quand Malia est étudiante à Paris et les lettres nous parlent de son quotidien mais la narration, elle, nous révèle le passé en trois parties correspondant à chacun de personnages principaux : Malia tout d’abord (son enfance), puis Nicolas, le metteur en scène russe et enfin Angèle dont on sait qu’elle cache un secret de premier ordre.

L’amitié de Gisèle et Malia est belle mais reste à l’arrière-plan, tandis que les l’amour fou d’Angèle pour sa fille dévore l’espace même des pages (surtout dans la première partie). Cet amour d’une mère, étouffant et fascinant, est le thème principal du livre. C’est à cause de cette déraison qu’elle lui cache la vérité. L’histoire d’amour qui arrive sur la pointe des pieds et qui est exploitée dans les deux dernières parties est assez classique : c’est l’histoire de Pygmalion et Galatée. La découverte finale de Malia jette un autre éclairage sur cette histoire et justifie la longue séquence sur Nicolas qui aurait pu paraître superflue.

Le personnage de Malia est particulièrement attachant car elle semble si timide et perdue que c’est avec plaisir qu’on la voit s’ouvrir et s’affirmer. Mes lettres préférées sont celles de Gisèle, la meilleure amie, presque grande sœur qui dénotent une grande sensibilité. La galerie de personnages secondaires, de la mère simple et aimante à la patronne bourgeoise charismatique, nous dévoile une époque à travers ses différentes facettes.

J’ai été bouleversée par l’épilogue où la petite Félicia révèle à Malia le sens de l’énigmatique phrase que prononça Angèle sur son lit de mort : « Les petits ponts, on ne savait pas… » La boucle est ainsi bouclée de mère à fille.

Ce livre est tout en subtilité avec nombreux éléments qui ne s’emboiteront que peu à peu. Paule du Bouchet aime son lecteur et lui fait confiance. Quelle belle lecture.

Je vous écrirai : coup de coeur pour ce roman nostalgique

 
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Publié par le janvier 29, 2014 dans réaliste, Roman

 

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Juge Bao : une série de BD qui sort du lot

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A l’occasion de la lecture du tome 5 de cette série : Juge Bao & les larmes de Bouddha, je me penche sur cette œuvre. Le format à l’italienne peut au premier abord étonner le lecteur de BD français, mais ces petits livres de 160 pages en noir et blanc se dévorent d’une traite. Le trait est magnifique : la qualité du dessin reste continue, c’est-à-dire au niveau de ce que vous pouvez observer en couverture. Il ne s’agit pas à proprement parler de manwa, la BD chinoise, puisqu’il s’agit d’une collaboration entre un scénariste français, Patrick Marty, et un dessinateur chinois : Chongrui Nie. Ayant eu l’occasion de les rencontrer en dédicace, je précise qu’ils sont fort sympathiques : l’un intarissable sur la période historique, l’autre croquant d’une main experte tout en devisant avec vous grâce à sa traductrice. Cette BD unique en son genre est fascinante, plongez vous dans les premières pages sans a priori et vous verrez… 

Le Juge Bao (999-1062) est un personnage historique, devenu légendaire. Ce magistrat est un redresseur de tort, intelligent et volontaire. Ces récits présentent tout autant une époque et une culture qu’une action foisonnante. Le ton est celui de l’enquête judiciaire. Les valeurs au cœur du récit sont la raison et l’astuce pour confondre les coupables, la probité et le courage pour les arrêter et la compassion envers les victimes.

Chaque histoire est différente et entière, bien qu’il y ait toujours une ouverture vers le prochain épisode dans le dénouement. Dans ce tome 5 le juge Bao est clairement visé par un complot, et se trouve par ailleurs bloqué dans un étrange monastère où une statue du Bouddha géante charrie des pierres précieuses. Nullement superstitieux, il entend bien résoudre l’énigme. Méfiez-vous de votre première impression, ce n’est pas forcément la bonne… La conclusion de l’affaire m’a vraiment surprise, alors que dans les enquêtes précédentes la solution était plus aisée à deviner. Bravo au scénariste qui crée la surprise tout en restant toujours sur un rythme identique.

 Une BD à relire tant pour observer minutieusement les détails du dessin, que pour le plaisir de voir le puzzle se mettre en place. Le dessin est parfois classique, parfois époustouflant mais toujours très beau. Les visages et les postures sont travaillées à la perfection. Comme tout bon polar, la relecture procure un véritable plaisir : celui de voir le travail de l’auteur qui distille ses informations pour vous faire prendre de fausses pistes.

Il reste un ultime tome à découvrir : le juge devrait arriver à la cour, et ses ennemis y sont nombreux. J’ai hâte de le lire, et suis un peu triste que la série de termine déjà. Une série qui plaira à tous les amateurs de policiers, ou de BD, ou d’histoire, ou… bref qui plaira. A offrir à quelqu’un que l’on aime.

 
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Publié par le janvier 14, 2014 dans Bande dessinée