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Archives de Catégorie: Bande dessinée

Clown : rêverie pour un nez rouge

Un très très bel album, à mi-chemin entre la BD et l’album selon moi.

Album, parce que il n’y a ni cases ni bulles et que le dessin s’organise librement, mais Bd quand même car il y a une taille des personnages, une progression narrative et des codes graphiques propres à la BD.

En tout cas, j’ai adoré cette histoire. Une fois l’ouvrage lu, la couverture m’est « apparue » alors qu’au premier coup d’œil je n’en avais pas perçu tout le sel.

Le travail très approfondi sur le trait, et comment celui-ci fait sens et nous fait nous imaginer un personnage, rappelle un peu la façon de Cavandoli. L’usage de la couleur uniquement pour le nez rouge et d’autres petits éléments est très finement utilisé.

Quand au récit, c’est l’histoire d’un être hors norme, et qui peut voyager dans la page à son gré (ça m’évoque Imbattable, héros que j’apprécie particulièrement aussi). Il y a une ode à la joie, à la liberté, au plaisir enfantin de faire les choses « parce qu’on peut les faire ».
Au final c’est le genre d’album où le créateur nous prend par la main, nous immerge dans son univers, et nous laisse penser avec lui. C’est ce qui est si jouissif. Quand à la fin, elle brise complètement le « quatrième mur », et c’est même plus fort que ça. Un bijou, à s’offrir et à offrir.

 

Howard P. Lovecraft (celui qui écrivait dans les ténèbres) : BD littéraire

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Les éditions 21g proposent une collection « destin d’histoire » qui met en lumière la vie d’une personnalité au travers d‘un Récit Biographique Dessiné. Dans le domaine littéraire, les titres déjà publiés sont : Lovecraft et K. Dick.

Ce récit sur Lovecraft est un condensé de ces années productives : de 1925 à sa mort en 1937. D’un chapitre à l’autre s’insinue une ellipse pour nous offrir un panorama de la vie d’un écrivain américain du début du XXe siècle.

Ce n’est pas chose facile que de parler d’un écrivain qui passe tout son temps à écrire et reste enfermé… Le scénariste scénarise donc des moments de rencontre et de convivialité avec ses amis (la sortie au moment de l’éclipse ou la visite du cimetière St John) ou encore des déplacements (emménagement à New York, retour à Providence, voyages). Cela fait malgré tout un Bd avec beaucoup de textes. Notamment parce que l’on a des insertions, soit de lettres, soit de textes de Lovecraft comme L’Abomination de Dunwitch et l’Affaire Charles Dexter Ward.

Le graphismes sont assez classiques : la ligne claire et le découpage traditionnel rendent bien compte de la vie d’un homme assez sérieux et à la vie monotone. C’est seulement lors de l’évocation de ses récits, ou des éléments qui les inspirent, que la page se déstructure.  Quatre récits enchâssés sont identifiables grâce à leurs marges colorées qui tranchent par rapport au blanc. Celui citant les Montagnes hallucinées, bénéficie d’une belle double page qui condense parfaitement l’intensité lovecraftienne : deux-hommes au premier plan à droite fuient : l’un court, se bouchant les oreilles, l’autre escalade une marche ; tous deux remontent d’un escalier monstrueux, sans fin, illustré de dessins évoquant des créatures inconnues. L’onomatopée Tekeli-li grimpe à sa manière en épousant la forme hélicoïdale et poursuit les hommes et les assomme.

J’ai trouvé très intéressante la page de note, reprécisant qui sont interlocuteurs (réels ou épistolaires) de Lovecraft au fil des pages : Houdini, Howard, Barlow, etc.)

Pour conclure, cette Bd donne bien envie de (re)lire Lovecraft. Bon travail.

 
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Publié par le novembre 19, 2018 dans Bande dessinée

 

Charlotte impératrice, belle BD d’Histoire

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Magnifique BD, qui nous entraine dans les complots de cour, au travers d’un destin tragique. Le scénario et la narration sont parfaites, le dessin est à tomber.

J’ai beaucoup appris sur cette époque au travers de cette lecture. Nul n’est besoin d’un bagage historique si l’on se laisse porter par le récit. J’ai admiré le brio de la scénarisation et particulièrement les passages épistolaires. Nous avons tout d’abord le Père Jacques Deschamps qui rapporte au père de Charlotte ce qu’elle lui a confié en confession au sujet de son amour pour Maximilien. Puis à plusieurs reprises les échanges entre Charlotte et son père. Les polices imitant l’écriture manuscrites sont élégantes et fluides. L’absence même de réponse devient un élément narratif « Ma fille chérie, est-ce que tu vas bien ? Je n’ai pas de nouvelles de toi depuis un mois. Papa »  Sur une période aussi longue, et comme souvent avec le genre historique, la maîtrise des ellipses est essentielle.

Certaines séquences clés restent en mémoire comme la scène de la serre. Notons que l’on démarre au pied d’une Diane chasseresse, sorte de protectrice de la jeune fille, et que leur promenade les mène opportunément sous la statue d’une Vénus, au moment où Charlotte s’enthousiasme pour les voyages. La séquence du bordel où Charles vient chercher Maximilien et chasser Bombelles à coup de ceinture est terriblement noire et impressionnante. On sent toute la détermination du frère de Charlotte à prendre un ascendant définitif sur Maximilien pour toute à la fois venger sa sœur et lui assurer un soutien permanent en imposant Félix Eloin. Autre séquence marquante, la venue de l’empereur à Miramar. La première page montre des vignettes en miroir, regards contre regards, jusqu’à l’image finale de l’impératrice lâchant son dogue.

Au fil de l’album certains motifs dessinés reviennent, tels que l’oeil bleu de Charlotte et la plume. Si l’oeil peut être effrayé, surpris ou vengeur, dévoilant toutes les facettes de la personnalité de la princesse de Saxe, la plume est un indice de son mal être. Plumes de volailles de cuisine parmi lesquelles l’enfant se cache pour ne pas se rendre au chevet de sa mère morte, plume de l’oreiller du lit conjugal après la noce, plumes des oreillers détruits dans un accès de rage impuissante par une Charlotte humiliée et délaissée. Deux médaillons ovales encadrent le récit : le premier médaillon montre la jeune Charlotte, séduite par Maximilien, dans la serre.  On voit ses yeux bleus et son air admiratif devant le papillon Celastrina Argiolus. Sur l’autre médaillon, dernière image de l’album, l’impératrice du Mexique a le visage fermé, la bouche dure, on ne voit pas la couleur de ses yeux. Elle porte des plumes noires à son chapeau. D’une séquence à l’autre tout a basculé.

Cette histoire tragique n’est que le début d’une aventure. « Un empire ne sera pas de trop, Monsieur Eloin, pour compenser tout ce que j’ai sacrifié à mon mari ».

Pour finir j’ajouterai que la colorisation dans des tons très contrastés chaud/froid (les rouges et orangés contre les bleus/verts) soutient bien l’image, qui par ailleurs comporte beaucoup d’effet d’ombres et de contre-jours admirables.

Une BD de haut niveau dont j’attends avec impatience la suite.

 
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Publié par le août 30, 2018 dans Bande dessinée, Uncategorized

 

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Dans la combi de Thomas Pesquet : on plane et on sourit

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Marion Montaigne a encore frappé par sa subtilité de grande vulgarisatrice scientifique. Non, pas par la subtilité de ses blagues…de sa pédagogie uniquement. Après nous avoir intéressé aux sciences avec « Tu mourras moins bête », puis aux sciences sociales avec le génial « Riche, pourquoi pas toi » (assertif, pas interrogatif du tout…), voici tout, tout, tout sur l’astronautique. Le sujet est superbe, et elle parvient à rendre humain et proche un évènement technique et que nous ne vivrons jamais : partir dans l’espace, à bord de l’ISS.

La personnalité de Thomas Pesquet est sans aucun doute pour quelque chose dans ce succès, et on l’imagine, suivit partout pendant ses préparatifs par une Marion qui ne cesse de prendre des notes et de faire des bouts de croquis. Opiniâtre et prêt à tout, il voit son rêve de gosse se réaliser. C’est émouvant et l’on a envie effectivement d’être dans sa « combi ». Enfin jusqu’à ce que l’on apprenne que lors d’une EVA (sortie dans l’espace), l’astronaute passe son temps à faire des gaz, à cause de la différence de pression entre l’intérieur de la combi et son ventre. Oui voilà, c’est le genre de détails que l’autrice se délecte de nous apprendre. C’est scientifique, on vous dit !

Le livre est très long, et on ne s’ennuie jamais. Encore, encore…crie notre cerveau. Tout est relaté : de l’enfance de Thomas, les étoiles au fond des yeux, à son retour sur terre après 6 mois à bord de l’ISS, en passant par les tests psychologiques et les entrainements de survie. Il y a une foule de petits détails marrants, des références à foison.

Le trait reste celui du style de Marion, c’est à dire du croquis qui en peu de trait résume une idée. On pourrait parler de documentaire dessiné. La couverture est très intelligemment construite. Je n’avais pas compris l’astuce en prenant la BD, au départ, il a fallu que je la regarde vraiment plus tard.

Que dire si ce n’est : lisez ! A offrir aux ados, aux grands, aux fans de l’espace comme à ceux qui croient ne pas s’y intéresser.

 
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Publié par le mars 23, 2018 dans Bande dessinée, documentaire

 

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Un autre regard : le cadeau à offrir à vos amis

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Voilà une BD que j’attendais avec impatience après le buzz qu’a fait sa BD-blog « Fallait demander » sur la charge mentale. Vous l’avez forcément vu passer ! Le blog d’Emma est génial.

L’auteur s’auto-édite donc avec « Un autre regard ». Admirez le clin d’œil de la couverture… car non il ne s’agit pas d’un œil mais bien d’une vulve. Oui, Emma est féministe et elle va nous parler entre autre : des suffragettes, de l’épisiotomie, de la dépression du post-partum, du clitoris… Et encore du regard masculin ET féminin qui objective (=tronçonne en morceaux de chair donc), le corps des femmes. Il ne s’agit pas pourtant de s’adresser uniquement aux femmes, et vraiment je vous conseille de le faire lire à tout le monde.

L’axe d’Emma est avant tout politique et si elle s’intéresse au sort des femmes c’est parce qu’elle s’intéresse aux opprimés en général. L’histoire de Mohammed, victime de tirs policiers lors de perquisitions dans le contexte post-attentats, ou la mort d’Adama Traoré sont très bien traités. Ces sujets sont exposés avec clarté et sans fioritures pour ouvrir les yeux sur des pratiques policières qui existent malheureusement en France et que nous tolérons tous en se disant « bah ils avaient bien dû faire quelque chose »…

Il s’agit donc de billets de blog édités, l’intérêt du livre c’est cette possibilité de l’offrir pour faire « voir les choses autrement » à ceux à qui on peut avoir envie de l’offrir.  Et c’est super. On aurait aimé en avoir encore plus à l’intérieur !!! En espérant que la diffusion de ce livre soit à la hauteur de la qualité du contenu. Amis libraires et bibliothécaires ne passez pas à côté de cet ouvrage pour le faire connaître !

 
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Publié par le juin 15, 2017 dans Bande dessinée, Essai

 

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Oracle t.4, Le malformé : Sans aucun doute le meilleur tome de la série !

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Le tome 4 d’Oracle tient toutes ses promesses. Gardant un ton très adulte, l’histoire contient violence, démence et scènes crues, mais cela sans aucune facilité : chaque élément, chaque case est au service de la tragédie qui se noue. Comme dans les tomes précédents, le contexte mythologique classique est respecté. Ici ce sont Aphrodite et Apollon auxquels se « confronte » Mélos, pauvre mortel. Les personnages très intéressants des ménades et des satyres, faunes des forêts, sont finement exploités. On croisera aussi un animal légendaire qui faisait déjà rêver les grecs de l’antiquité : la licorne. On retrouve l’Oracle et Homère (qui a des idées de saga !), cette fois-ci à Corinthe, accompagnés d’un mystérieux inconnu dont vous saurez le drame in fine.

L’anti-héros de cette aventure est Mélos, un homme a priori bon et comblé, qui se voit injustement maudire par Apollon, jaloux de lui. Il n’était pas évident de faire d’un être difforme le personnage principal d’un des tomes, notamment parce que la couverture est nettement moins aguicheuse que la première ;). Melos est rendu monstrueux par Apollon. Sa disgrâce va à la fois l’élever car il deviendra un cuisinier hors pair, à l’égal d’un dieu, et le faire chuter comme le plus méprisable des hommes. Complètement obsédé par la conquête d’Aphrodite qu’il pense aimer sincèrement, et en même temps par sa revanche sur Apollon…, il sera amené à aller toujours plus loin dans l’ignominie. Se trouvant toujours une justification, il ira jusqu’au sacrilège. L’obsession et l’instinct de possession, dans un amour à sens unique, sont décortiqués dans cette fable psychologique.

En contrepoint de cet amour démentiel, on voit évoluer le couple de Thesmodion et Ananka : non-humains, ne vivant que pour le plaisir des sens, purs, communiants avec la nature, leur amour est simple et libre. Le personnage de Thesmodion est particulièrement savoureux, et apporte une touche d’humour au récit, chose que l’on n’avait pas encore vu dans la série ; d’une part grâce à des expressions grivoises amusantes (« par mes bourses fripées ») et surtout par ces jeux avec la belle Ananka. La page où Mélos débarque au mauvais moment et où elle recommande à son amant de parler de ses « histoires de pieu durci » avec son ami nous fait sourire dans cette histoire sombre, somme toute, de bout en bout.

Si l’histoire est tragique et fascinante, le dessin, lui, est absolument somptueux ! Le travail de Nicolas Demare, c’est du grand art ! Les plans très rapprochés, avec un souci du détail incroyable, permettent de faire ressentir la moindre émotion grâce à l’expression des visages. Les plans plus larges donnent un cadre magique au récit que ce soit dans la forêt de Corinthe, très luxuriante, ou bien dans les pays étrangers traversés par Melos. De l’Égypte (double planche qui fait rêver) à la lointaine Asie, on voyage beaucoup grâce à ce coup de crayon. Les auteurs nous gratifient de mises en pages très imaginatives, je pense en particulier à celle où Mélos se contemple dans la fontaine, ou bien à la page du « miroir éclaté ». J’ajoute que le travail de colorisation est vraiment excellent et vient magnifier le dessin. C’est coloré, c’est lumineux ou sombre quand il le faut, intelligemment !

En résumé, on a là un tome absolument envoûtant à tout point de vue !!! Même ceux qui n’ont pas lu les épisodes précédents peuvent s’y plonger, car rappelons que les récits sont indépendants. Ne boudez pas votre plaisir et foncez découvrir cette pépite de chez Soleil !

 
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Publié par le octobre 8, 2014 dans Bande dessinée

 

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Oracle, 1 La pythie : je vois…une belle vie pour la série !

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Voici une BD que je ne saurais qualifier. Disons qu’elle est avant tout une BD « à partir de la mythologie ». Quels que soient vos goûts : action, psychologie, intrigues de pouvoir, légendes…vous allez être servis ! Ce premier tome est parfaitement équilibré. A peine l’ouvrez-vous, que vous êtes aspiré.

Le principe de la série à de quoi séduire : le pari des auteurs est de recomposer des histoires mythologiques, inédites mais qui s’accordent à la culture gréco-latine sans erreur.  Je dois dire qu’en tant que latiniste, j’ai tendance à être tatillonne sur le respect de la mythologie : ici la tradition est non seulement respectée, mais carrément magnifiée ! On retrouve, avec leurs caractères, les grands olympiens comme Zeus, Apollon et Athéna. Les mythes fondateurs sont évoqués : Zeus tuant Chronos, et les dieux se déchirant autour de la guerre de Troie. Vous songerez probablement à l’Iliade et l’Odyssée dans les manières d’agir d’Athéna (toujours aussi rusée.) On croise quelques créatures du bestiaire légendaire, comme les cyclopes que Zeus place à la porte de l’Olympe, et qui longtemps auparavant lui ont permis de vaincre les titans de l’armée de son père. Olivier Peru nous entraine dans une antiquité grecque fascinante.  L’accent est mis dans cet album sur un élément particulier : le pouvoir de l’oracle de Delphes, où la pythie officie pour interpréter les visions que lui envoie Apollon. Grâce à la rigueur des références, Ovide aurait pu insérer ce récit dans ses métamorphoses.
Du point de vue de l’aventure, on ne s’arrête pas une seconde pour souffler, et tout semble s’accélérer sans cesse. La pythie, belle et inquiétante, insuffle aux spartiates l’énergie de défier les Dieux sur l’Olympe même. J’ai particulièrement apprécié le récit du voyageur qui encadre cette histoire. La mise en bouche par le personnage du conteur est judicieuse, et à plusieurs reprise le récit cadre interrompt la narration, lorsque le public pose des questions au conteurs. Pourquoi un Dieu violerait-il sa servante ? Comment peut-on tuer un Dieu ?…

L’enfant, malin et curieux est un personnage clé et, vous vous délecterez de la surprise de la page finale.

Le dessin sert à merveille le propos, que ce soit dans le combat, comme dans l’émotion. Les gros plans serrés sur les visages, en particulier, ont retenu mon attention. Les yeux sont très vivants, les visages expressifs. Les tons très marrons et ocres se fondent très bien avec ce drame antique.

A conseiller à tous, à partir de 15 ans.

 
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Publié par le avril 8, 2014 dans Bande dessinée

 

Lap ! Un roman d’apprentissage : Aurélia nous séduit toujours.

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Aurélia Aurita s’est fait connaître avec un premier roman/BD génial : Fraise et Chocolat. Un OVNI, une BD crue qui s’adresse aux filles aussi bien qu’aux gars, une histoire d’amour prise sous tous les angles. Le tome 2 est tout aussi bon. Puis vint le temps de passer à la suite avec deux récits, toujours intimistes mais moins provocateurs : Je ne verrai pas Okinawa et Buzz-moi. Ce dernier m’a extrêmement plu et je suis de ces fidèles qui aiment le style et la façon de voir les choses de l’auteur, même une fois enlevé le « croustillant ». J’attendais donc avec impatience une nouvelle BD et me demandais dans quelle direction l’auteur allait nous entrainer.

Avec LAP ! vous lirez une excellent compte-rendu journalistique d’une expérience loufoque et unique : le lycée autogéré de Paris . Ce « roman d’apprentissage » parle du milieu éducatif (un sujet qui concerne tout le monde !) et en particulier de ce lycée pas comme les autres : sa deuxième particularité est la libre fréquentation des cours. Une utopie donc. Après avoir dévoré une première fois l’ouvrage, j’y suis revenu une deuxième fois. Car il y a tant de subtilités. Le trait d’Aurélia est léger comme un croquis, parfois les personnages ne sont qu’esquissés. Le strict minimum pour comprendre : les pensées à travers la silhouette ou les émotions par l’angle de la mâchoire ou d’un sourcil.

C’est un gros coup de cœur ! Ce sujet est vraiment passionnant. Aurélia en tant que « journaliste BD » nous fait vivre sa rencontre avec le LAP : tous ces profs investis et fous, ces élèves différents et prêts à débattre de tout. D’autre part Aurélia reste dans la veine autobiographique, si l’on peut dire, puisqu’elle nous présente son immersion et non pas un regard distancié. On la voit s’attacher au lieu et faire des cauchemars sans cesse.


C’est beau, drôle, émouvant… Un récit illustré à faire découvrir à tout le monde !

 
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Publié par le février 18, 2014 dans Bande dessinée

 

Alyssa : la fille qui va vous faire marrer !

cvt_Alyssa-T1-Un-QI-de-genie_8101 Au festival d’Angoulême, il y avait…des tonnes et des tonnes de BD. Et on ne sait jamais sur quoi craquer, évidemment. Sur le moment j’ai profité à fond du festival, et finalement rien acheté (il faut dire aussi que le coup de l’entrée à 16€, soit plus que le budget d’une BD, refroidit.)

Bref, au milieu de ces centaines de titres, l’une des couverture a retenu mon attention sans que j’y prenne garde. Et en entrant dans une librairie BD une semaine plus tard, j’ai craqué pour Alyssa. Je peux d’ors et déjà vous dire que je regrette de n’avoir pas mon album dédicacé… Qu’est-ce que j’ai rigolé !

J’aime beaucoup l’héroïne, une ado au QI un peu trop élevé qui a peur d’être considérée comme un monstre par les autres et fait tout pour se fondre dans la masse. Ses trois copines « normales » sont des caricatures d’ado qu’on a l’impression de connaître. Enfin la fille gothique flippante met du piment et du challenge.

Les gags en une page m’ont rappelé le premier épisode de Lou. Mais le dessin est bien plus détaillé et cocasse. Les couleurs pêchues et kawaï font très ado ce qui va avec le thème principal. Suis-je en train de dire que c’est une BD pour ado ? Que nenni, c’est une BD à différents niveaux de lecture (comme un bon vieux Astérix). C’est aussi une BD pour geek, pour gothiques, pour profs, pour parents d’ados…que sais-je encore… Un petit exemple : Alyssa explique à son chien la théorie de Noam Chomsky du choix induit.

La page qui m’a fait me bidonner : la scène qu’Alyssa fait à sa mère dans un magasin avant de s’exclamer « Comment juges-tu ma performance ? »

Cette BD est parfaite pour un fonds de collège ou pour offrir à une ado (comme ça vous pouvez la lire en plus !)

 
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Publié par le février 12, 2014 dans Bande dessinée, Jeunesse

 

Juge Bao : une série de BD qui sort du lot

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A l’occasion de la lecture du tome 5 de cette série : Juge Bao & les larmes de Bouddha, je me penche sur cette œuvre. Le format à l’italienne peut au premier abord étonner le lecteur de BD français, mais ces petits livres de 160 pages en noir et blanc se dévorent d’une traite. Le trait est magnifique : la qualité du dessin reste continue, c’est-à-dire au niveau de ce que vous pouvez observer en couverture. Il ne s’agit pas à proprement parler de manwa, la BD chinoise, puisqu’il s’agit d’une collaboration entre un scénariste français, Patrick Marty, et un dessinateur chinois : Chongrui Nie. Ayant eu l’occasion de les rencontrer en dédicace, je précise qu’ils sont fort sympathiques : l’un intarissable sur la période historique, l’autre croquant d’une main experte tout en devisant avec vous grâce à sa traductrice. Cette BD unique en son genre est fascinante, plongez vous dans les premières pages sans a priori et vous verrez… 

Le Juge Bao (999-1062) est un personnage historique, devenu légendaire. Ce magistrat est un redresseur de tort, intelligent et volontaire. Ces récits présentent tout autant une époque et une culture qu’une action foisonnante. Le ton est celui de l’enquête judiciaire. Les valeurs au cœur du récit sont la raison et l’astuce pour confondre les coupables, la probité et le courage pour les arrêter et la compassion envers les victimes.

Chaque histoire est différente et entière, bien qu’il y ait toujours une ouverture vers le prochain épisode dans le dénouement. Dans ce tome 5 le juge Bao est clairement visé par un complot, et se trouve par ailleurs bloqué dans un étrange monastère où une statue du Bouddha géante charrie des pierres précieuses. Nullement superstitieux, il entend bien résoudre l’énigme. Méfiez-vous de votre première impression, ce n’est pas forcément la bonne… La conclusion de l’affaire m’a vraiment surprise, alors que dans les enquêtes précédentes la solution était plus aisée à deviner. Bravo au scénariste qui crée la surprise tout en restant toujours sur un rythme identique.

 Une BD à relire tant pour observer minutieusement les détails du dessin, que pour le plaisir de voir le puzzle se mettre en place. Le dessin est parfois classique, parfois époustouflant mais toujours très beau. Les visages et les postures sont travaillées à la perfection. Comme tout bon polar, la relecture procure un véritable plaisir : celui de voir le travail de l’auteur qui distille ses informations pour vous faire prendre de fausses pistes.

Il reste un ultime tome à découvrir : le juge devrait arriver à la cour, et ses ennemis y sont nombreux. J’ai hâte de le lire, et suis un peu triste que la série de termine déjà. Une série qui plaira à tous les amateurs de policiers, ou de BD, ou d’histoire, ou… bref qui plaira. A offrir à quelqu’un que l’on aime.

 
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Publié par le janvier 14, 2014 dans Bande dessinée